Selon Rolf Dobelli (1), lRolf_Dobelli_auf_dem_Blauen_Sofaes infos sont au cerveau ce que le sucre est au corps. Faciles à avaler, elles nous donnent de petites bouffées de plaisir, ne demandent aucun effort, mais finissent par nous pourrir. Loin de nous informer, les « infos » nous remplissent le crâne de faits qui n’ont aucune utilité pratique ni théorique dans nos vies, sur lesquels nous n’avons aucune prise, et qui bien souvent ne nous concernent aucunement.

Les infos sont inutiles

« Sur les 10 000 infos que vous avez lues ou entendues ces douze derniers mois, citez-en une qui vous ait permis de prendre une meilleure décision concernant votre vie privée ou professionnelle ? »,

Et en effet : consommer de l’info n’a aucune utilité pratique. Notre cerveau a besoin de faire un effort pour assimiler les choses qui ont une utilité. Il n’en fait aucun pour absorber ce qui est « nouveau ».

Nous nous faisons des illusions quand nous pensons qu’accumuler des milliers d’infos dans notre tête nous donne une meilleure compréhension du monde. C’est en fait le contraire qui se passe. Les choses importantes à connaître pour la vie ne sont pas des infos, mais une sagesse qui émerge lentement de nos réflexions profondes. Si être au courant des infos était important pour faire carrière, les journalistes seraient au sommet de la pyramide. Ce n’est pas le cas.

La raison en est que les infos ne nous font pas réfléchir : elles ne font que nous aider à conforter nos préjugés. Réfléchir demande de la concentration, ce qui suppose de ne pas être interrompu. Les infos, au contraire, sont spécialement conçues pour nous interrompre.

Les infos empoisonnent l’esprit

Les infos fonctionnent comme la drogue. Nous suivons plus ou moins consciemment d’innombrables affaires, des explosions de Boston à la Corée communiste et aux licenciements, nous sommes constamment attirés vers les médias pour connaître « la suite ».

Plus nous consommons d’infos, plus nous développons nos circuits neuronaux consacrés aux tâches superficielles, et moins nous sollicitons ceux qui sont utilisés pour la lecture et la réflexion profonde. La plupart des consommateurs d’infos, y compris ceux qui étaient auparavant de gros lecteurs, ont perdu leur capacité à lire de longs articles et des livres. A près quatre ou cinq pages, ils se fatiguent, leur concentration s’évanouit, ils ont envie de bouger… ou ils s’endorment. Ce n’est pas parce qu’ils ont vieilli ni parce qu’ils ont plus de choses importantes à faire. C’est parce que la structure physique de leur cerveau a changé.

Enfin, un effet particulièrement déplorable des infos est que nous sommes noyés par des événements sur lesquels nous n’avons aucune prise. L’écoute quotidienne d’histoires sur les catastrophes variées qui se passent aux quatre coins du monde nous rend passif, et nous plonge dans un état d’esprit négatif, pessimiste, fataliste et peut même nous conduire à perdre toute capacité d’émotion ou de compassion envers notre prochain, et tout enthousiasme pour l’avenir. Votre créativité est la première victime collatérale des infos.

Ce qui ne veut pas dire que notre monde n’ait pas besoin de journalistes. Au contraire, ils sont nécessaires pour faire connaître des faits importants qui concernent notre destin commun, que ce soit au niveau local ou mondial. Mais la lecture de longs articles d’investigation et de livres est la seule façon de mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Source : WakeUp-mre

1 Rolf Dobelli est chef d’enbtreprise. Il occupe son temps libre à écrire des romans publiés chez l’éditeur suisse Diogenes. Il est l’auteur de Arrêtez de vous tromper ! 52 erreurs de jugement qu’il vaut mieux laisser aux autres…

Extrait de Santé Nature Innovation

By AEF

Laisser un commentaire