Brisant plusieurs tabous, un grand nombre de témoignages de femmes victimes de harcèlement sexuel voire de viols secouent les mentalités, forçant les autorités à voir les choses en face.

Entre violences et revendications : quelle place pour les femmes en Iran ?

L’honneur empêche la plupart des victimes de s’exprimer par crainte de la réprobation et de la relégation. S’exposer revient à prendre de grands risques que peu de femmes acceptent de courir. Cette situation n’échappe d’ailleurs pas aux agresseurs. Ils sont clairement conscients de cette faiblesse des femmes en Iran et savent que le doigt du blâme est d’abord braqué sur la femme.

L’ambiguïté dans la définition du viol est également une des causes du silence et du non-signalement d’abus aux autorités judiciaires, certaines femmes ne prenant pas conscience du fait que c’est bien d’une violence sexuelle dont elles ont été victimes.

Les prescriptions et les interdits restent nombreux, notamment dans la reconnaissance juridique du viol et du harcèlement sexuel, bloquant souvent toute tentative de dénonciation.

Ainsi, le droit pénal iranien ne reconnaît pas le viol ni les agressions sexuelles. Seuls l’adultère et les agressions physiques s’en approchent mais sans parvenir à reconnaître le caractère particulier des violences sexuelles à l’égard des femmes.

L’interprétation des juges prend alors le dessus, laissant les Iraniennes dans une situation où nombre d’entre elles n’osent guère intenter une action en justice, de peur de perdre.

Les viols et harcèlements sexuels restent d’ailleurs encore peu étudiés dans le pays afin de ne pas entacher la moralité publique et les autorités en place. Les quelques études existantes témoignent cependant d’une présence à grande échelle de ces différentes formes de violences.

La mort inexpliquée de Mahsa Amini

Mahsa Amini âgée de 22 ans et originaire de Sanandaj dans l’ouest de l’Iran, a été arrêtée par la « police des mœurs » de Téhéran le 13 septembre. Peu après son arrestation, tombée dans le coma, Mahsa a été transférée à un hôpital ; elle est décédée le 16 septembre.

Selon le site d’informations iranien Etemad, la police des mœurs a arrêté Mahsa, qui se trouvait avec son frère, devant la station de métro Haghani à Téhéran en raison de ce que les autorités ont qualifié de hijab « inapproprié ». Les policiers ont dit à son frère qu’ils allaient emmener Mahsa au siège de la police des mœurs pour un « cours d’éducation et d’orientation ». Deux heures plus tard, le frère de Mahsa a appris qu’elle avait été emmenée à un hôpital. Selon les médias, il a déclaré que pendant qu’il attendait sa sœur devant le siège de la police des mœurs, il a entendu des cris, que d’autres ont aussi entendus. Des femmes qui ont quitté le bâtiment ont déclaré : « Ils ont tué quelqu’un là-dedans ».

Le 15 septembre, le centre d’information de la police iranienne a affirmé que Mahsa avait eu une crise cardiaque pendant sa détention et avait été immédiatement transférée à l’hôpital.

Le 16 septembre, la télévision d’État a diffusé une vidéo semblant montrer Mahsa entrant dans une salle pour le « cours d’orientation », puis parlant avec une femme qui semble être une policière, avant de tomber soudainement. La police a déclaré qu’elle fournirait des informations supplémentaires. De hauts responsables iraniens, dont le président et des membres du parlement, ainsi que d’anciens représentants du gouvernement, ont appelé à l’ouverture d’une enquête pour clarifier cet incident.

La mort d’une femme arrêtée à cause de la façon dont elle était habillée met en évidence un système profondément pervers. Il est absolument nécessaire de mener une enquête transparente sur la mort de Mahsa Amini, de punir les responsables de manière appropriée et d’accorder des réparations à sa famille.

Mais au-delà, les autorités iraniennes devraient également abolir la loi sur le port obligatoire du hijab et abroger ou réformer les autres lois qui privent les femmes de leur autonomie et de leurs droits. Ce serait un pas essentiel vers l’élimination de la discrimination et de la violence parfois mortelle subies par la moitié de la société iranienne, sous le régime d’un État répressif et agissant avec impunité.

Dans l’islam la femme n’a jamais été précédée par l’homme, ni laissée en arrière. Comme lui, elle a cru, immigré en compagnie du prophète lorsqu’il fut victime de l’intolérance de son peuple, la femme a toujours su donner sa part à l’édification et la transmission des valeurs humaines et spirituelles à savoir celles de l’islam.

Apparemment, les autorités iraniennes ont une autre vision de l’Islam…

Par Mustapha Bouhaddar pour Maghreb Canada Express , Vol. XX, N°10,Page 03, Édition spéciale Septembre/Octobre 2022.

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