C’est le titre du livre de Kocka sorti aux Editions Flammarion jeunesse ; un véritable coup de coeur.

Kochka est le pseudonyme de Dominique Lancelot née  le 11 février 1964 au Liban d’un père français et d’une mère libanaise.

En 1976, la guerre contraint sa famille à l’exil. Elle poursuit ses études en France et devient avocate.

Quatre enfants vont changer sa vie

En 1997, elle abandonne sa charge d’avocate et se met à écrire sous le pseudonyme de Kochka qui signifie « chat » en libanais.

« Frères d’exil » traite sous une forme romancée, le calvaire des migrants climatiques ; un sujet très sérieux et d’actualité.

Les peuples ont toujours migré, poussés par des raisons économiques, sociales ou politiques. Le changement climatique vient aujourd’hui s’ajouter aux facteurs de migration : un nombre grandissant d’individus quittent des territoires exposés aux dérèglements climatiques pour s’installer, ailleurs dans leur pays, dans des régions où ils pourront reconstruire leur vie.

« Frères d’exil » raconte l’histoire de plusieurs familles contraintes de quitter leur ile qui à cause du dérèglement climatique va sombrer dans le chaos. Donc il faut partir et tout abandonner pour échapper à la mort.

Dans le premier chapitre intitulé « La tempête », le narrateur, un grand père handicapé qui se déplace avec une chaise roulante nous dit : « Mon nom est Enoha et si j’écris aujourd’hui c’est pour accompagner Nani, ma petite fille, car elle va bientôt partir. Pour elle je suis Ipa. C’est comme ça qu’on dit grand-père sur  notre île. Elle a huit ans. »

En effet, le grand-père retrace sa vie sous une forme épistolaire à sa petite fille. Il faut sauvegarder la mémoire quand on s’en va, quand on va sombrer dans l’île. L’essentiel est de sauver les siens.  » Il y a des moments dans la vie où ce qu’on croyait solide s’effondre. Alors il faut faire son bagage. Où que la vie t’emmène, Nani, n’oublie jamais d’où tu viens, mais va ! »

La scène la plus émouvante est celle du départ : « La pluie ne cesse de tomber. Les eaux montent et la peur envahit l’île. Alors que le départ de sa petite-fille approche, Enoha se dépêche de lui écrire des lettres. Nani les emporte avec elle sur sa poitrine. Peu importe où elle ira désormais, elle part avec un trésor. »

Une belle histoire d’amour, de solidarité et dé générosité. Une histoire qui se termine bien grâce aux mains tendues, venues des pays d’accueils qui savent que les migrants ne viennent jamais avec des mains vides. Ils ramènent avec eux leur savoir, leur culture et leurs coeurs.

Et comme on peut le lire dans l »Eppilogue :  » Dans la version de Monura, la mer et le ciel s’étaient donnés la main pour engloutir l’île, mais avant, ils avaient poussé vers elle des paquebots pour que les hommes puissent y monter. »

Un livre que je recommande à nos lecteurs, et aux enfants du monde entier.

« Il est encore temps d’anticiper les conséquences du changement climatique avant qu’elles ne s’aggravent, mais bientôt il sera trop tard. Les mesures que les villes prennent maintenant pour faire face à l’arrivée grandissante de migrants fuyant les zones rurales et faciliter leur accès aux études, à la formation professionnelle et à l’emploi seront payantes à long terme. Il est également important d’aider les gens à faire le bon choix entre rester là où ils vivent ou se déplacer là où ils seront moins exposés aux dérèglements du climat.  » Kristalina Georgieva, Directrice générale de la Banque mondiale.

Par Mustapha Bouhaddar, pour Maghreb Canada Express, Vol. XXII, N°07, page 6, Édition Septembre 2024

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