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Organisée par l’Association ‘’Forum de Béni Amir’’ , cette rencontre est dédiée à la migration féminine marocaine qui a connu une amplification importante, spécialement depuis la fin des années 1970 et plus particulièrement depuis les années 1990.

Les principaux objectifs de ce  troisième Forum international de la migration, organisé cette année à Fquih Ben Salah (Maroc) du 8 au 9 mars courant, s’articulent autour des axes suivants :

* Appréhender les causes profondes de la migration féminine;

* Réduire le nombre des migrantes en situation irrégulière, empêcher leur exploitation et veiller à la protection de leurs droits fondamentaux;

* Prévenir toute sorte de trafic humain ciblant les migrantes;

* Assurer aux migrantes une protection contre le racisme, l’ethnocentrisme et la xénophobie;

* Valoriser le rôle des femmes migrantes par l’égalité des sexes et le renforcement de leur contribution au développement durable;

* Doter les migrants (hommes et femmes) d’une éducation leur permettant d’exercer pleinement leurs droits fondamentaux;

* Promouvoir les droits des migrantes marocaines, préserver leurs acquis et les protéger contre toute forme de discrimination, de racisme et de violence;

* Encourager l’intégration et la cohabitation dans les sociétés d’accueil tout en préservant l’identité nationale marocaine dans ses dimensions musulmane, arabe et amazighe ;

* Soutenir les efforts déployés pour l’amélioration des conditions d’accueil de cette communauté marocaine lors de son retour au pays;

* Moderniser les systèmes d’éducation et d’enseignement au profit des enfants de la communauté marocaine résident à l’étranger ;

* Trouver les solutions adéquates aux problèmes afférents à l’émigration des mineurs et aux questions relatives au regroupement familial et au statut personnel;

* Proposer des dispositions juridiques susceptibles de simplifier les mesures administratives et procédurales relatives à la communauté marocaine résident à l’étranger..

* Sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’améliorer la situation des femmes migrantes, de réviser les textes juridiques qui affectent négativement leur statut et limitent leur pouvoir d’action.

Dans ce contexte, l’Association « Forum Béni Amir » vise à présenter aux participants, et aux différents concernés par le phénomène migratoire au Maroc, un moment pour réfléchir et déployer un effort argumentatif commun, vers une vision reconstructive en proposant d’articuler le débat sur la thématique de la femme migrante autour de trois axes :

1. La question des déterminants de la migration des femmes

L’objectif de cet axe est de faire émerger une analyse globale des dynamiques de changement et d’oppression/exploitation que révèle le processus migratoire tant au Maroc que dans les sociétés d’accueil.

L’analyse se focalisera sur certaines catégories de migrantes (notamment parties dans le cadre du regroupement familial) sans pour autant occulter les autres réalités, telle que la situation de femmes parties seules et privées de papiers et de droits,  la prise en compte de l’ensemble des rapports sociaux de sexe, ainsi que les autres rapports sociaux de pouvoir, tant dans la société marocaine que dans celle des pays d’accueil.

Ce sera l’occasion d’analyser les changements dans la vie des migrantes en s’appuyant sur le paradigme de ‘’passage de la tradition à la modernité’’, d’observer certains « indicateurs » (travail, mariage, sexualité, virginité, contraception, rapport au religieux) et d’évoquer aussi bien le cas des épouses des immigrés qui restent au Maroc et « trouvent leur émancipation dans le départ de leur mari », que celui des migrantes qui partent seules et accèdent à l’autonomie financière.

(…) Ces migrantes peuvent cumuler des stratégies plurielles, qu’on peut grouper schématiquement en quatre aspects principaux :

– Économique : les migrantes irrégulières sont conduites à rechercher leur survie matérielle et financière dans des secteurs sexués, ethnicisés, informels et non protégés (prostitution, domesticité non déclarée, travail dans des « ateliers clandestins », des entreprises familiales, commerce informel, etc.);

– Juridique : elles sont amenées à focaliser leur attention sur les possibilités de régulariser leur statut légal et d’accéder aux droits en tant que régulières ou nationales;

– Social : elles sont amenées à contrer les rapports sociaux en s’appuyant seulement sur les relations sociales. Elles reconvertissent les liens sociaux (amicaux, amoureux, sexuels ou de travail, par exemple) en liens de solidarité dans les divers domaines de leur vie (logement,
santé, travail, régularisation, contact avec les proches, etc.);

– Associatif et militant : les migrantes sans-papiers se mobilisent dans le cadre des actions en faveur des migrantes, actions qui leurs fournissent un espace nécessaire de soutien et d’informations.

Force est de constater que les femmes migrantes souhaitent renforcer leur autonomie et leur chance de mobilité sociale, mais sont en même temps enfermées dans des structures de domination dont elles doivent manipuler les règles.

2. Le statut des migrantes marocaines: entre protection juridique et conditions sociales

Les migrantes ont des parcours et des statuts variés. Les droits de chacune d’elles dépendent du statut juridique et aussi social : la condition socio juridique des Marocaines résidant à l’étranger et leur protection juridique connaissent des limites et des lacunes.

La plupart des migrantes rencontrent des situations complexes où s’imbriquent oppression subie en tant que femmes avec celle subie en tant qu’étrangères.

La migration a un impact sur les femmes qui font le déplacement et sur leurs droits mais aussi sur la condition socio juridique de certaines autres femmes qui ne migrent pas. C’est le cas des femmes qui restent dans le pays après le départ des hommes.

Cet axe essaiera de confronter les textes à la pratique en analysant tout d’abord la condition socio juridique des Marocaines résidant à l’étranger, l’impact de la migration sur les femmes : il s’agit des femmes migrantes volontaires ou involontaires, en situation régulières ou irrégulières… Ensuite l’impact de la migration sur leurs droits : les droits au Maroc et dans le pays d’accueil ; les droits civils et politiques ; les droits économiques, sociaux et culturels …

Les migrantes sans-papiers se retrouvent généralement « enfermées » dans des emplois précaires qui ne correspondent pas à leurs aspirations d’avant la migration.

Tout au long de leur parcours migratoire, les migrantes « seules » sans papiers se situent entre restrictions légales et quête d’autonomie. Elles acquièrent une certaine autonomie (en partant et en vivant seules, par exemple), construisent un projet de vie marqué par la distanciation (mais pas la rupture) par rapport au milieu d’origine. L’irrégularité administrative se conjugue souvent dans leur quotidien à d’autres statuts dévalorisants, comme la prostitution, la domesticité, le non mariage, le veuvage, le divorce ou le non emploi.

Ces statuts renforcent la stigmatisation qu’elles affrontent en tant que femmes seules. A partir du moment où elles sont régularisées, elles jouissent enfin de droits sociaux et politiques nécessaires à leur autonomisation. Elles obtiennent donc une autonomie qui s’établit à partir des logiques instituées par les lois migratoires, et non pas «culturelles », « sociales » ou religieuses.

Les migrantes régularisées sont mieux armées pour nourrir les solidarités matérielles avec les proches et montrer la réussite du projet migratoire – les sans-papiers étant astreintes à l’immobilité.

3. La participation de la femme migrante au développement

Les prospections au Maroc ayant pour objet la femme émigrée sont rares. Elles investissent ce champ de manière indirecte, soit en portant un éclairage sur la femme marocaine migrante dans le pays d’accueil soit que les femmes émigrées sont abordées dans des analyses plus globales d’ordre sociologique sur la situation de la femme marocaine en considération de son statut jugé inférieur par rapport à celui de l’homme.

L’un des enjeux majeurs des travaux de ce Forum est d’examiner si la migration contribue à une « émancipation » des migrante, voire une autonomisation et une vraie participation au développement ou, au contraire, elle contribue à les retenir dans une position de dominées.

La migration contribuerait à l’autonomie des femmes, mais que les profits qu’elles en tirent resteraient limités. La migration féminine peut exacerber la dépendance de certaines mais être libératrice pour d’autres et elle peut finalement changer, les rapports de genre au sein du couple et de la famille.

Au sujet du Forum de Béni Amir

Le Forum de Béni Amir est une association à but non lucratif qui regroupe diverses compétences de la région ’’Tadla-Azilal’’ (Maroc). Il vise à fédérer le savoir-faire et la connaissance afin de contribuer au développement et au rayonnement culturel du pays en général et de celui de la région en particulier.

Il est à rappeler le succès des diverses manifestations de cette association autour de la thématique de la migration ainsi que la richesse des thèmes traités, la participation de haut niveau de nombreuses personnalités qualifiées (nationales et internationales: experts, chercheurs universitaires, acteurs politiques, responsables institutionnels) marocaines et marocains résidents à l’étranger, animateurs associatifs, représentants d’organisations internationales et d’agences de coopération…

Pour plus d’information, visiter :

http://www.forumbeniamir.com ou http://www.tadla-azilal.org

 

 

By AEF

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